Le Cercle des Guerriers Disparus
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 Hymne Aux Saisons

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Cerim
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MessageSujet: Hymne Aux Saisons   Hymne Aux Saisons EmptyVen 31 Mar - 23:51

Hiver, et l'Ange Brisé.

Immense miroir frissonnant, le lac s’étendait, dur et froid. Un vent léger, un vent d’hiver, agitait l’endroit, chuchotant tristement, jouant avec les cheveux des jeunes gens, faisant allégrement voleter leurs habits. Lui était assis dans l’herbe blanchie, les mains posées sur les genoux, les yeux fixés sur une forme longiligne et immobile. Droite et fière, elle faisait face à l’étendue d’eau, tournant le dos au garçon. Peut-être avait elle oublié qu’il été là, l’observant de ces yeux noirs. Une robe blanche l’enveloppait, cachant mal ses courbes, flottant autour d’elle, créant comme un pâle halo protecteur.
Enfin, elle tourna à moitié le visage, lui accordant un regard. La jeune fille sourit.
La Lune se reflétait dans ses yeux aux pupilles rougeoyantes. Des yeux rouges, des yeux rouges d’ange en fuite. Fuyant la vie, fuyant la mort, hésitante et tremblante, mais souriante. Totalement, elle se retourna, et entreprit à pas lent de se rapprocher de lui. Elle était devant lui, grande, belle. Ce n’était qu’à cette distance que l’on pouvait remarquer la sanglante traînée qui couvrait sa poitrine, se répandant à la moitié de son corps. Rouge et blanche. Une virginité volée.
La jeune fille s’agenouilla, avec douceur, comme si rien d’autre n’était plus important. Lui ne bougeait pas. Droit dans les yeux, elle le regardait, ne le quittant pas du regard, plongeant à l’intérieur pour y nager paresseusement, pour oublier.
Ses doigts blancs se posèrent sur son épaule, descendant lentement, bientôt remplacés par son front. Elle le cachait bien, mais sa respiration était saccadée, haletante. Ses yeux se fermèrent, tandis qu’il la protégeait de ses bras puissants, la serrant fort contre lui, fort, pour ne pas qu’elle s’envole.
Le temps s’écoula, douce et éternelle rivière, moqueuse de ce couple mourant qu’elle tenait en son pouvoir.
Elle soupira, avant de relever la tête. Ses lèvres rencontrèrent les siennes, les effleurant délicatement. Sa bouche s’ouvrit, elle s’y engouffra avidement. Il se laissa choir dans l’herbe fraîche, dans l’herbe blanche, ne prêtant nulle attention à ses propres plaies. Des gouttes rouges touchèrent le sol, fébrilement absorbées par la neige éparpillée aléatoirement.

La rose se meurt. Ses pétales tombent parmi les feuilles.

Il passa une main amoureuse sur son visage, son visage fin aux traits si doux, touchant du bout des doigts une des mèches mauves qui le lui barrait. A nouveau, un sourire fugace traversa ses lèvres, avant qu’il ne l’avale en un nouveau baiser, plus sauvage, plus brutal. Jamais, jamais il ne voudrait la laisser s’envoler. Elle le savait, et elle en souriait.


- « Danse avec moi, une dernière fois. »

Elle se remit debout, comme une enfant, riante et joyeuse, gracieuse et magnifique.

- « Embrasse le silence, alors que je meurs. »

Il se releva également, la côte en feu, sa jambe l’élançant violemment. Mais pour elle, rien que pour elle, il était près à tout. Car à elle il était, et ce, pour l’éternité.

- « Ne répare jamais mes ailes brisées. »

Le jeune homme ne comprenait rien de ce qu’elle disait. Cela aussi elle le savait. Légèrement, son visage s’inclina. Ses bras remontèrent le long de ses flancs, le rapprochant d’elle, le collant à elle. Un nouveau baiser les unit, douloureusement sucré.
Un ange, de glace et de sang, de rouge et de blanc paré.
Il l’enlaça à son tour, tandis que leurs lèvres se quittaient. Il était si proche, qu’il voyait son reflet briller dans les pupilles rubis de la jeune fille. Si proche, qu’il sentait sa poitrine se soulever et s‘abaisser, erratique et faible.
Doucement, il secoua la tête. La mélancolique complainte du vent se répercutant sourdement dans ses oreilles.


- « Et n’entend jamais la chanson de l’enfant. »

Elle porta ses mains aux tempes du jeune homme. Avec une lenteur involontaire, elle recula, amenant avec lui son compagnon. Ensemble, ils esquissèrent les premiers pas d’une mortelle danse, sourire aux lèvres pour l’une, yeux humides pour l’autre.
Une larme glissa sur sa joue, sans qu’aucun des deux n’essaye de l’essuyer. Etait-ce son esprit, ou bien une voix s’élevait elle des ombres de la nuit ? Une voix, qu’il connaissait bien, une voix qu’il aimait et chérissait plus que tout. Non, les lèvres de la jeune fille formulaient bien ces terribles paroles, cette funeste chanson.
Sa voix enfantine sonnait, mélodieuse et terrifiante, d’incompréhensibles paroles quittant sa délicate gorge. Incompréhensibles, car trop de fois il les avait entendues, incompréhensibles, parce qu’elle lui avait demandé de ne plus l’entendre.
Cette voix allait en s’affaiblissant. Il n’en entendait que les sons, que les intonations, mais cela était clair. Elle s’éteignait, de concert avec les pas plus lents de la jeune fille.

Ils étaient près de lac, dansant fièrement, défiant Lune et Etoiles de les en empêcher. Inlassablement, ils dansaient. Les derniers pas étaient chancelants, la jeune fille avait sa tête appuyée contre son épaule. Elle pouvait sentir les larmes du jeune homme lui couler dans le cou, cherchant à atteindre sa blessure à la poitrine. A nouveau, son sourire éclaira son visage et courageusement, elle se redressa.
Elle se redressa, lui accordant un dernier regard, un dernier sourire, avant de s’effondrer avec lui au sol, incapable d’en faire plus.

La main du jeune homme lui caressa le visage, avant de descendre, passant délicatement sur la plaie ouverte, englobant sa poitrine galbée, glissant sur son ventre satiné, s’arrêtant sur sa cuisse dénudée.
Lui-même sentait ses yeux se fermer. Mais, il refusait ce dernier sommeil, cette dernière étreinte. Il se souvenait de la formidable guerrière qui mourait à ses pieds, du formidable combat qui avait été son ultime. Elle avait plié sous la puissance de son adversaire, cependant, la victoire avait été sienne. A peine le temps de goûter ce délicieux parfum, que déjà la Mort demandait son dû.

Et lui… Lui était impuissant. Il était simplement près à la suivre, la suivre dans son dernier voyage. La Mort est gourmande. Son premier et seul péché.
Le vent glacial s’infiltrait en lui, mordant, engourdissant ses membres et son esprit. La jeune fille tendit la main. Une silencieuse invitation. Lourdement, il tomba sur sa poitrine. Elle ne gémit pas, la douleur avait quitté son corps épuisé. Sa voix, aussi faible qu’un murmure, perça de nouveau le calme froid de la nuit, presque suppliante.


- « N’entend jamais la chanson de l’enfant. La chanson de l’enfant mourant. »

Contre son sein, il sourit à moitié. Ses yeux étaient clos. La Mort approchait enfin, doucement. Elle avait un visage de rêve. Elle avait son visage. Il aurait voulu courir la rejoindre, poser ses lèvres sur les siennes, épouser ses traits. Mais, il attendait, et la Glaciale Entité acceptait cette attente. Il attendait la jeune fille. Il attendait celle qui, après lui avoir volé l’Amour, lui volait la Vie.
Cette dernière ne tarda pas, son orgueil de guerrière pliant sous la fatigue de son corps. Avec un sourire, elle prit la main du garçon et, ensemble, ils marchèrent au devant de la Mort.

C’était juste une fille.

Une perle rouge sang.


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Cerim
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MessageSujet: Re: Hymne Aux Saisons   Hymne Aux Saisons EmptyDim 2 Avr - 12:07

Eté, et l'Union Brûlante.

Ils étaient face à face, deux murs impassibles, deux griffes rétractées. Nul mouvement ne venait souiller leur parfaite immobilité. Seuls leurs yeux s’animaient, se dévisageant, curieux et surpris de découvrir la puissance de leur adversaire.
Une superficielle balafre barrait le torse du jeune homme, d’où le sang s’écoulait avec lenteur, avant d’embrasser le sol nu et sablonneux, s’y noyant avec délice.
Elle s’en voulait presque de lui avoir causé pareille blessure. Après une longue heure d’affrontement stérile, la fatigue se faisait clairement sentir, surtout pour la jeune fille qui peinait à rester droite. Elle était moins endurante que son adversaire, mais nulles lames n’avaient encore réussi à lui mordre la chair pour le moment.

Ses grands yeux rouges se rétrécirent, alors qu’elle esquissait un premier pas, le flamboyant soleil se dressant de toute son aveuglante majesté devant elle, souhaitant la préserver d’un funeste destin. Elle n’avait rien à craindre, elle le savait.

Une nouvelle danse commença, mortelle et périlleuse, sanglante et épuisante. A présent, la jeune fille était presque à genoux, la lame enfoncée de moitié dans le sol, la tête basse, ses ensorcelants cheveux mauves cachant dérisoirement son visage souffrant. Elle cracha un peu de sang, quelques gouttes inquiétantes se mêlant à sa salive, avant de relever la tête, fièrement, refusant à jamais de s’avouer vaincue. Un sourire passa sur les traits de son adversaire.
Il avait gagné.

Elle tenta quelques pas, titubants, faibles. Ses jambes blessées ne la portaient plus, elle glissa au sol, sa noble silhouette tombant lourdement à terre. La chute d’un ange, le déclin d’un monde. Sa lame quitta sa frêle main, sa frêle main qui n’aurait jamais dû tenir une telle chose. Du sable et de la poussière lui maculaient le visage, que seule la sueur parvenait à essuyer. Toujours ouverts, ses yeux pourpres observaient sa défaite, impuissants, mais malgré tout heureux que cela se termine enfin.

L’ombre du jeune homme s’étendit à elle, l’avalant avidement, mais pourtant hésitante de sa victoire, hésitante quant à l’état de la combattante. Il s’agenouilla, passant délicatement ses doigts sur le visage enfantin, dessinant les contours de ses yeux, de son nez, de ses lèvres. Une violente quinte de toux agita la jeune fille en réponse à cette tendre caresse, lui faisant à nouveau cracher un peu de son sang. Elle avait à présent l’air si fragile, si faible. Si belle.
Avec douceur, il l’a mit sur le dos, prenant garde à ses blessures. La respiration de la jeune fille en fut facilité, sa lourde poitrine se levant plus aisément, d’une anormale vitesse.


- « Tenshi… »

Le premier mot à percer le silence qui s’était abattu sur les lieux, silence uniquement troublé par le bruit des lames qui s’embrassent et se séparent. Le surnom la fit sourire. Un sourire douloureux, mais sincère. Il ne connaissait pas son nom véritable, peut-être parce qu’elle le cherchait elle-même ?
La main du jeune homme s’égarait sur son corps.

Ses lèvres se posèrent sur les siennes, goûtant son sang. Elle se laissa faire, souriante, ouvrant la bouche, remontant ses bras autour du cou du combattant.
Ses yeux se fermèrent, se laissant aller à la douce étreinte, au doux baiser, un langoureux gémissement quittant sa gorge. Cela faisait plusieurs mois qu’elle avait apprit à aimer cette langue étrangère, cette main ferme et assurée.
Et désormais, elle pouvait à peine s’en séparer.

Une nouvelle fois, elle se donna à lui, amoureuse et heureuse, malgré le sang qui s’écoulait de leurs nombreuses plaies communes et sanglantes.
Sa tête reposait sur l’épaule confortable du jeune guerrier, de celui qui l’avait aujourd’hui vaincu. Nus, enlacés, ils observaient les paresseux mouvements des quelques nuages qui s’enfuyaient pudiquement, détournant les yeux de cet étrange couple, de cette étrange union, de cet improbable amour.
Ils ne parlaient pas, comme coupable de ce qu’ils venaient de faire. Elle passait lentement le bout de ses doigts sur le corps détendu de son amant, le sentant frissonner, sourire. Ses lèvres se posèrent sur le coin de sa bouche en un éphémère baiser, échange fugace de vie.

Il fut le premier à se relever, la repoussant sur l’herbe fraîche et estivale, délicatement, comme une jeune et formidable fleur. Elle le regarda se rhabiller, une moue peut-être un peu boudeuse affichée. Le jeune homme sourit à sa lumineuse compagne, à cet ange agenouillé, à cet ange mauve. Paume ouverte, il tendit sa main, et elle posa timidement la sienne dessus.


- « Ta main pour toujours mienne. »

Son jeune sourire réapparut. Elle aimait cette voix, chaude et enivrante, calme et reposante. Elle était debout, nue contre lui, son corps à nouveau en proie à de brûlantes caresses, ses lèvres de nouveau prises d’assaut.
Il lâcha la bouche sucrée de la jeune fille, la laissant les yeux mi-clos, un sourire ravi illuminant son visage. Ses lèvres remontèrent à son oreille et, suavement, il murmura. Un murmure que le vent n’emporta pas.


- « Plonge moi dans le sang et les larmes. »

Elle haussa les sourcils, visiblement étonnée. Le jeune homme la serrait contre lui, fort, lui embrassant le cou, la tempe, ses mains se posant au creux de ses reins. Elle se cambra contre lui, un soupir de satisfaction glissant de ses lèvres.
Les rayons du soleil jouaient avec sa peau nue, la réchauffant, l’encourageant silencieusement. Elle se laissait faire, elle se laissait embrasser. N’osant plus parler, n’osant pas briser la quiétude des lieux, elle se serrait contre lui.
Ses jambes tremblèrent, comme prise d’une peur soudaine. Elle glissa au sol, sa tête contre le corps de l’homme, sa tête endolorie, sa tête lourde. Il la rejoint bientôt à terre, l’étendant une nouvelle fois, se couchant sur elle sans plus esquisser de gestes, sans prendre garde à leurs blessures. La jeune fille, cette jeune fleur rouge et blanche, fit l’effort d’ouvrir les yeux, fit l’effort de le regarder.

Elle ne souriait plus, néanmoins, un imperceptible hochement de tête l’agita, un consentement muet. Il en profita pour l’embrasser, pour frôler ses lèvres juvéniles et désirables.
Puis il se redressa, les mains contre les côtes de la jeune fille, l’observant, encore et toujours, comme si il la redécouvrait éternellement sans jamais s’en lasser, sentant avec plaisir son cœur faire trembler sa poitrine galbée.
Un papillon, rouge et or, voletait autour du couple uni, du couple étendu et enlacé. L’animal traversa le visage de la jeune fille, avant de se poser, hagard et incertain, entre ses seins.
Elle sentit son rythme cardiaque s’accélérer sous ce nouveau contact, inattendu et pourtant espéré.

Une fleur. Si jeune et si belle. Une fleur. Si séduisante et si ardente. Une fleur, qu’il faut s’empresser de cueillir, qu’il faut s’empresser d’aimer.

Gracieusement, il battit des ailes, sous le regard des jeunes gens. Avec une insolence mesurée, il reprit son vol.

Le jeune homme sourit. Il se coucha délicatement à l’emplacement que venait de quitter le papillon. Papillon, emblème de la beauté soudaine, de la beauté surgissant, papillon, animal de la résurrection.


- « Et meurt avec moi encore une fois. »

Sa bouche rencontra la sienne, en un violent baiser, en une sauvage étreinte. Sa main dans les mèches mauves se contractait, la maintenant, la contraignant à de faibles gémissements d’exquise impuissance.
L’amour était déjà implanté dans leurs jeunes cœurs, s’y répandant, s’y engouffrant avec joie. Ils le savaient tous deux, même si ils le niaient avec autant de force.
La jeune fille dessinait d’un doigt téméraire les traits du visage de son amant, caressant de l’autre son flanc ensanglanté. Ses yeux brillaient, sous le regard du guerrier, sous ce regard où l’on devinait du désir, une insatiable envie de la posséder. Elle sourit.


- « Mais, pas maintenant. »

Il posa ses lèvres sur le menton de la jeune fille, remontant doucement vers sa bouche entrouverte. Sa main glissa sous son dos, coulant vers sa taille, avant de l’y enfermer.

Un fruit sucré, jeune et vert.

Elle ramena ses bras autour du corps de l’homme qui la surplombait, remontant et ôtant son vêtement de cuir. Ses lèvres quittèrent celles du jeune guerrier pour effleurer la longue entaille qui courait sur son torse. Le sang chaud coulait toujours, plus lentement, glissant le long du menton de la fille, chutant et mourrant sur son ventre.

Une fleur, belle, fragile et blanche.

D’une main, il releva sa tête. Leurs regards se croisèrent, rouge et noir, rayonnant d’une même soif, d’un même désir incandescent. Elle retomba en arrière, sa tête rejoignant les folles herbes, ses bras partant également en arrière, laissant l’homme libre, libre de son corps.

Un papillon, magnifique et éphémère.

Un lent gémissement, une languissante complainte, un lascif murmure. Unis, une nouvelle fois. Encore une fois.

Deux papillons dorés.


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Cerim
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MessageSujet: Re: Hymne Aux Saisons   Hymne Aux Saisons EmptyJeu 6 Avr - 23:30

Printemps, et l'Innocence Virginale.

Adossé au tronc lisse du jeune cerisier, il la tenait dans ses bras, la tête posée sur son épaule nue, le soleil matinal se levant à peine. Elle avait les yeux fermés, un séduisant sourire volant sur ses lèvres, un sourire simple de bonheur partagé. Les mains du jeune homme barraient son ventre, qui se soulevait avec lenteur, en réponse à cette douce joie. Il en leva une, pour toucher la chevelure de la jeune fille, cette chevelure qui n’avait cessé de le passionner. Violet, mauve, autant de teintes et de nuances pour encadrer le même visage, angélique et enfantin. Elle inclina légèrement la tête sous cette caresse inattendue, avant de se retourner, le sourire aux lèvres, les yeux étincelants
Elle changea de position, collant sa tempe contre le torse du jeune homme, le laissant embrasser le sommet de son crâne. Sa jupe vaporeuse, embellissant ses jambes repliées, son chemisier immaculé exposant sa fière poitrine, la jeune fille se savait belle. Elle profitait pleinement des rayons du soleil qui la caressait doucement pour se dévoiler, pour se montrer, pour être aimée.

Un ange d’Amour.

Avec grâce, elle se remit debout, passant ses mains sur sa jupe. Elle rit, gaiement, se reculant dans les herbes printanières, se reculant du jeune homme. Lui ne la quittait pas des yeux, fasciné par cette impalpable beauté, par cet esprit volage, par cet enchantement mauve.
Il hésitait à la suivre, il hésitait à se l’autoriser, s’autoriser à l’aimer.
Néanmoins, poussé par les charmes juvéniles de la jeune fille, il se leva, la rejoignant au milieu de la plaine verdoyante.
Elle le regarda approcher, un large sourire aux lèvres, et se mit à danser, danser sous le vent tiède, sous la pluie de pétales, sous les rayons solaires. La jeune fille s’approcha de lui, de son oreille, interrompant sa danse pour lui murmurer quelques mots.


- « Cette bête, légendaire et oubliée... »

Il posa ses mains sur sa menue taille, la sentant s’arquer légèrement contre lui. Ses larges yeux rouges cherchaient dans les siens cette étincelle tant désirée, cette étincelle amoureuse et aimante. Il lui sourit, hésitant, presque craintif devant le délicieux visage qui lui rendait son sourire. Prestement, elle apposa ses lèvres sur les siennes, avant de les retirer aussi vite, un radieux sourire l’illuminant.

Elle était là, l’étincelle.

- « Une bête légendaire ? »

Un nouveau rire, doux et léger, l’agita. La jeune fille se serra contre lui. Elle aurait voulu se pendre à ses lèvres encore une fois, mais elle n’en fit rien. Par-dessus l’épaule aimée, elle regardait le monde se faire, le monde vivre. Une fleur s’éveillant, un arbre bourgeonnant, un chant murmuré par le vent, un baiser sur ses virginales lèvres, une caresse sur ses cuisses dénudées. Elle se recula légèrement, pour rencontrer le regard du jeune homme, pour le rencontrer et l’aimer. Elle souriait, avant de se laisser tomber doucement au sol, lui demandant de la rejoindre, lui demandant de l’embrasser à nouveau dans un pudique silence, comme si les mots étaient devenus inutiles et grossiers.
La main posée sur sa jambe remonta, enserrant sa taille enfermée dans un léger tissu blanc, il obéit à la silencieuse injonction, effleurant des lèvres le féminin menton, se refermant sur celles de la jeune fille en un baiser fleuri et sucré.
Rouvrant les yeux, elle murmura à nouveau, encore plus bas qu’auparavant, sur le ton de la confidence, du secret le plus total et le plus enfoui.


- « Es-tu capable de m’aimer ? »

La question surpris le jeune homme. Comment dire non, lorsque les mots étaient prononcés par cette bouche en cœur, par cette créature aux joues rosies par la timidité, aux inflexions caressantes ? Pourtant, il se sentait hésiter, malgré lui. Il leva une main frémissante vers son visage, lui replaçant une téméraire mèche, puis la fit glisser le long de son bras nu. Lentement, il hocha la tête.

- « Oui... Je crois que oui. »

La jolie fille sourit derechef, plus largement encore, laissant apparaître une rangée de dents claires. Elle se redressa d’un bond, avant de tendre une main ouverte au jeune homme, l’invitant. La tête lui tournait, il ne savait plus quelle attitude adopter, que faire. Il prit pourtant cette délicate main, la prit et la serra, puis se releva à son tour, grand et beau.
Il laissait faire la jeune fille, confiant. Il se laissait guider, silencieux, guidé par cette enfant souriante, joyeuse et heureuse de vivre.
Elle esquissa quelques pas de danse, curieuse de voir si ils seraient suivis. Le jeune homme sourit, en se rapprochant d’elle. Il fut surpris de son aisance, certainement due à ses pas calqués sur ceux de la fille. C’était une danse colorée, inégale, jeune et imparfaite. Une danse de bonheur simple, consommé à l’instant, un bonheur grisant et enivrant, comme une douce et chaude liqueur. La jeune fille évoluait autour de lui, joueuse et charmante, un papillon dépourvu d’ailes.

Un ange nu.

Elle ne le quittait pas du regard, riant de ses erreurs, sans moquerie. Lui-même en souriait, confus et désolé du piètre spectacle offert. Mais la jeune fille le poussait, l'encourageait à poursuivre, le soutenant lorsqu’il faiblissait, ralentissant le rythme aimablement. Son sourire seul l’aurait incité à ne pas s’arrêter.

Ils dansèrent, seuls, sous le soleil grandissant, qui comme un immortel juge les regardait, critique. Mais même lui n’aurait pu les empêcher de vivre, les empêcher de danser, les empêcher de s’aimer.

Elle sauta au cou du garçon, l’enlaçant, lui déposant un délicat baiser sur le cou. Sa joie naturelle le rendait heureux. Il l’enferma de ses bras, peinant à contenir la dynamique jeune fille.


- « Alors, tu dois la connaître cette bête. »

Elle avait sa tête enfoncée sous le menton du jeune homme, le laissant humer la douce fragrance de ses cheveux, comme pour lui faire trouver le mot désiré.

- « Tu dois la connaître, si tu m’aimes. »

Facétieuse, elle le dévisageait. Il ferma les yeux, renversant la tête vers le ciel dégagé, respirant librement l’air qui venait lui caresser le visage. Sans un mot, tenant toujours fermement la jeune fille dans les bras, il tomba en arrière, chutant lourdement sur l’herbe, gorgée de la rosée matinale. Elle poussa un faible cri, surprise, aussitôt remplacé par un rire enjoué.
La jeune fille croisa les bras sur la poitrine du garçon, le contemplant tandis qu’il cherchait une réponse.


- « Une bête légendaire... J’en vois bien une. »

La jeune fille sourit, se rapprochant un peu plus. Elle était juste au-dessus de lui, son joli visage rieur dominant le garçon. Ce dernier entrelaça ses bras derrière sa tête, de façon à mieux la voir, à mieux l’apprécier.
Ses yeux rouges l’avaient toujours fasciné. Beaux et inquiétants à la fois, réjouis et ténébreux d’une même manière.

Un ange imparfait.

Il se mordit la lèvre inférieure, pensif.


- « J’en vois même deux. Mais, une seule a été oubliée. »

La jeune fille ne disait toujours rien, impatiente, contenant son énergie juvénile, suspendue aux paroles du garçon. Il la regardait, puisant la réponse au fond de ses pupilles.

- « Le Rêve. Le Rêve d’où découle la Joie. »

La jeune fille rit, joyeuse. Elle refusait tout cela, elle refusait ce fatalisme, car ils étaient là et que rien d’autre n’avait d’importance. Tout concentrer sur ce petit bout de vie, cet éphémère et délicieux instant. Le seul qui importe véritablement, car le seul qui soit vrai et pur. Toutefois, même si elle le refusait, elle ne pouvait nier son existence, nier le fait que ce fatalisme guidait ses pas et ceux du garçon. Mais à quoi bon s’en préoccuper maintenant, alors que le soleil se réveille et que le vent chante ?

- « Et laquelle a été oubliée ? »

Elle avait la voix murmurante, aux intonations graves, malgré son sourire qui tentait vainement de dissimuler son malaise. Même sa joie naturelle ne pouvait supplanter son chagrin à cette pensée. Elle vivait dans un monde imparfait, ni blanc, ni noir, pas plus que gris. Un monde incolore, par manque de rêve, par excès de prudence.

- « Le Rêve. Le Rêve est mort. »

La jeune fille ne pouvait rien répondre à cela. Il avait raison. Mais elle souriait toujours, de son radieux sourire que rien ne pouvait altérer. Il était la joie même, la beauté naturelle d’une adolescente amoureuse, le rêve d’une enfant dans un monde décidemment trop étroit.
Elle quitta le corps confortable du garçon pour se rouler à terre, pour s’imprégner de la senteur de l’herbe fraîche. Elle s’étira, baillant, se cambrant légèrement. Lui se mit sur un coude, contemplant la merveilleuse créature qui avait ouvert un œil, cette incarnation de la plus légendaire des bêtes.
La main de la jeune fille caressa la joue du garçon, en un toucher tendre. Sa bouche s’ouvrit, l’invitant à se rapprocher, l’invitant à l’embrasser. Troublé, il se laissa faire. Elle referma les yeux, éteignant la lumière rouge, le conviant à venir la chercher en elle. Ses lèvres touchèrent les siennes, elle ne fit rien, effleurant celles de son ami, de son amant, de son rêve.
Il oublia sa crainte, celle de l’inconnu, du neuf, pour l’embrasser avec toute la fougue que lui conférait sa jeunesse, avec toute la passion qui le faisait vibrer.

Ils s’étaient endormis, dans la prairie, couchés l’un à côté de l’autre, leurs mains nouées. Le jeune homme regardait ce doux visage, aux traits fins et délicats, assoupi et tranquille. Rien ne pouvait l’atteindre là où elle se trouvait, dans ce bonheur imaginaire où lui avait trouvé une place. Une place dans ce jeune cœur, qui battait fièrement, heureux d’exister, heureux d’avoir une raison de le faire.
Là où elle était, dans le pays d’une légendaire bête oubliée et délaissée, dans le pays des oiseaux de lumières, elle n’avait rien à craindre. Dans un pays où rêve et joie, jeunesse et bonheur vivent, insouciants de la terreur extérieure.

Un ange d’Innocence.
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MessageSujet: Re: Hymne Aux Saisons   Hymne Aux Saisons EmptySam 8 Avr - 10:33

Automne, et le Chant de Mnémosyne.

Le soleil mourrait, inondant de ses ultimes rayons la prairie rouillée, dévisageant d’un œil soucieux le couple qui se faisait face. Debout, sur un tapis de feuilles mortes, ils ne se quittaient pas des yeux. Seul le vent s’autorisait à parler, mais nul chant n’habitait son taquin murmure. Les arbres se contentaient de pleurer, de pleurer la perte de leurs feuilles, de pleurer le déclin du soleil, insensibles aux malheurs des hommes.
Le garçon fit un pas, les feuilles bruissèrent, rendant leur dernier soupir, accueillant tristement cette mort offerte. Tel un bourreau, il avançait.
La jeune fille ne bougea pas, le visage calme, impassible. Le vent jouait avec elle, essayant de la faire sourire, faisant voler sa longue robe blanche. A l’arrivée de l’homme, il s’apaisa, abandonnant sa vaine tâche pour repartir tourmenter les arbres.
Ils ne s’étaient pas quittés du regard. Le jeune homme était à quelques enjambées de celle vers qui convergeaient ses pensées, ses désirs. Elle le quitta des yeux, pour contempler le monde décrépi qui s’offrait à elle. Un vol de feuilles, nouvelle et funeste moisson du vent espiègle, des arbres fiers et éplorés, un soleil orange déchu, une vieille masure écroulée, un jeune homme en larmes.
Elle baissa la tête, ses cheveux aux teintes mauves tombant mollement sur son front. Elle soupira, inaudible souffrance. Les bruissements reprirent, la lamentation des feuilles les accompagnant douloureusement. Elle garda le visage bas, fixant le sol.
Le jeune homme se tenait devant elle. Il hésitait, par peur de la voir s’enfuir, de la voir disparaître. Il ne prit pas la peine de s’essuyer les joues, où les larmes avaient tracé de profonds sillons, empreintes d’une indicible douleur. Sa main tremblante remonta vers le menton de la jeune fille. Craintivement, il l’effleura, réprimant un frisson au souvenir de ce doux contact. Il lui releva le visage, son beau visage tant aimé. Elle ne recula pas. Elle mordait sa lèvre inférieure, les yeux humide, secouant la tête, impuissante, triste et désolée. Avec tendresse il lui caressa la joue, souriant faiblement.

Ils restèrent ainsi, immobiles, laissant le temps s’écouler, les heures défiler, le soleil mourir. Le monde respirait désormais sous la lumière vespérale, rosée avec quelques touches de bleu, derniers vestiges du ciel. La jeune fille détourna ses yeux rougeoyants pour contempler ce funèbre spectacle.
Tout mourrait, et pourtant, eux étaient encore là.
Elle reporta son attention vers le jeune homme aux larmes silencieuses, un flot que nul ne pouvait endiguer. Nul ? Elle le pouvait, elle.

Sans hâte, la jeune fille porta ses doigts à la main chaude du garçon. Elle la caressa, avant d’incliner la tête pour en épouser les formes. Ses yeux se fermèrent, elle ne voulait plus voir le monde mourir, elle voulait vivre. Vivre avec lui.


- « Excuse moi… »

Elle sursauta, surprise qu’une voix puisse encore s’élever dans ce paysage magnifiquement désolé. Son cœur se resserra un instant, comme percé d’une invisible et mordante lame. La jeune fille effleura des lèvres la main du garçon, déposant un imperceptible baiser. Animée d’une vigueur nouvelle, elle sourit, bravant le vent rieur, bravant la majestueuse forêt moribonde, bravant son propre ressentiment.

- « Embrasse moi… »

Elle avait murmuré faiblement, comme si elle se refusait à entendre cette fatidique phrase. Sa poitrine se soulevait rapidement, frappée de l’intérieur par un cœur emprisonné, par un cœur qui cri son envie d’exhaler la fragrance de l’amour. L’homme amorça un pas. Il posa une main sur le bras nu de la jeune fille, l’autre glissa avec délicatesse, s’arrêtant sur sa taille fine. Elle ne tremblait pas, son sourire illuminant toujours son pâle visage. Il inclina la tête, elle ferma les yeux. Leurs lèvres se rencontrèrent, leurs bouches s’ouvrirent. Un délicieux frisson agita la jeune fille, remémorant des plaisirs oubliés. Le plaisir d’être embrassée, d’être serrée contre celui qu’on aime, de sentir ses mains sur son corps. Par ce baiser, elle estompait toutes les erreurs passées, par ce baiser, ils s’accordaient une nouvelle chance, un nouvel amour.

A regret, ils se séparèrent. D’un doigt, elle essuya les joues du garçon, ces joues sillonnées par de cruelles larmes. En fermant ses beaux yeux pourpres, elle se passa discrètement la langue sur les lèvres, profitant du goût laissé par celles du jeune homme.
Lorsqu’elle les rouvrit, son sourire était réapparu, ses traits s’éclairant d’une joie nouvelle, d’une joie de vivre qu’elle avait délaissé au profit d’une mélancolie automnale.
Elle enserra de ses bras frêles la taille de l’homme, et recula, sans le quitter du regard. Elle reculait, en aveugle, guidée simplement par le bruit mélodieux de la rivière et par les mains du garçon.
Le discret écoulement se faisait plus fort, à mesure qu’ils s’en approchaient. La jeune fille sentit sa cheville doucement fouettée par l’eau fraîche, mais avec un sourire, elle poursuivi. Ils s’arrêtèrent au milieu du cours, le glacial liquide épousant leurs formes jusqu’à la poitrine. Elle passa ses bras autour du cou du jeune homme, l’attirant à elle, collant son corps chaud au sien. Elle le redécouvrait, à la lumière de cet environnement féerique, de cet environnement de mort. Les feuilles venaient s’éteindre dans l’eau, dérivant vers ce qui était leur dernier voyage, dépassant le couple immobile.
Il passa une main dans la chevelure mauve de la jeune fille, faisant perler sur son visage quelques gouttes volées à la rivière. Elle sourit sous la caresse, avant de s’abandonner contre ses lèvres. Le temps n’avait plus d’emprise sur eux, car ils s’étaient retrouvés, et que leur bonheur les protégeait. Isolés dans un monde peuplé de rêves et de lumière, rien ne pouvait les atteindre.

Leurs lèvres se séparèrent, laissant les deux jeunes gens haletants, à la bordure de ce territoire tant redouté, territoire que l’on nomme réalité. Aucune parole ne vint troubler la quiétude des lieux, leurs yeux seuls communiquant, brillants, une lueur de merveilleux figée dans un coin.
La jeune fille poussa un soupir d’aise, souriante et heureuse. Prenant la main du garçon, elle marcha vivement vers la rive opposée du cours. Dégoulinants, ils se mirent à courir, à courir sans raison et sans but, à travers le pleur des arbres, à travers les larmes de l’Automne. Courant et riant, goûtant cette joie recouvrée grâce à une folle course, ils dansèrent. Elle volait autour de lui, soutenue par ses bras puissants, soutenue par la force de leur amour. La jeune fille se permit un rire, aussitôt repris par le vent, réjoui de cette étincelle de bonheur qui faisait trembler les vénérables érables eux-mêmes.

Haletante, elle enfoui sa tête contre le torse du jeune homme, la vie pénétrant à nouveau son cœur meurtri. Son visage, que tout sourire avait déserté, irradiait à présent, contrastant cruellement avec le paysage environnant. Cette joie trouvait son écho dans le garçon, que les larmes avaient quitté, et dans le vent, que nul ne pouvait départir de son habituelle joie.

Elle se laissa glisser au sol, puis leva des yeux taquins vers le jeune homme. Avec un sourire, il la rejoint, passant ses doigts sur la jambe dénudée qu’elle présentait, remontant lentement. Fermant les yeux, elle le laissait redécouvrir son corps, riante sous le léger frôlement. Enfin, ses pupilles embrassèrent de nouveau le jeune homme. Elle ouvrit insensiblement la bouche, ses lèvres rouges appelant celles du garçon, les suppliant de venir les presser, de venir les goûter. Il répondit à cet appel muet, allongeant la jeune fille dans ce tapis, jaune, vert et orange. Elle leva une main vers le visage du garçon, l’autre lui caressant son dos humide. Un baiser passionné, une étreinte amoureuse. Les yeux noirs du jeune homme se noyaient avec joie dans l’océan rouge qu’elle lui dévoilait. Maintenant qu’enfin ils pouvaient se voir. Jamais ils ne s’avoueraient combien ils avaient souffert loin l’un de l’autre. Car ils le savaient déjà, ils pouvaient le lire réciproquement.

Presque timidement, il passa sa main sous le vêtement de la jeune fille, lui caressant sa peau veloutée, sentant avec plaisir son ventre se tendre sous ses doigts. Il se coucha sur elle, savourant une nouvelle fois ses lèvres, avalant sa langoureuse plainte. Ses mains esquissaient amoureusement les courbes de son corps, le contour que révélait une robe trop étroite.
Il l’embrassa dans le cou, déclenchant le doux rire de la jeune fille, ce rire agréable qui n’avait pas retentit depuis longtemps.

Il était sur le dos. Elle était serrée contre lui. Il la réchauffait, le froid mordant de la nuit les englobant, les griffant sans pitié. Le vent lui s’était calmé, comme épuisé de sa journée, ou simplement respectueux de l’intimité du couple. Le garçon déposa un baiser sur le front de la jeune fille, humant l’entêtant parfum qui se dégageait timidement de ses cheveux. Elle avait les yeux ouverts, fixés sur le sol, fixés sur le tapis de feuilles mortes, ce tapis aux allures de lit nuptial.

Elle s’étira contre lui, en proie aux affres de la fatigue, ses paupières tombantes, dissimulant à la nuit ses magnifiques iris rougeoyants. Avant de s’abandonner à ce sommeil paisible, elle apposa un ultime baiser à la base de la mâchoire du jeune homme, aussitôt récompensé d’un sourire. Il resserra ses bras autour d’elle, en profitant pour effleurer de ses lèvres le front nu de la jeune fille. Elle s’enfonça dans le creux de son épaule, accueillant ce repos auquel ils aspiraient tous deux, sourire aux lèvres.

Ce repos automnal.


___________________

[The End]
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